Depuis 12 jours, nous sommes confinés chez nous, comme privés de circuler librement. Les rues des villes sont vides, les rideaux des commerces sont baissés à l’exception de ceux ouverts pour se ravitailler en nourriture et acheter quelques médicaments pour se soigner. Nos vies ont changé radicalement pour la plupart d’entre nous, sans concertation, sans appel. Il a fallu suivre les consignes sanitaires de confinement et nous enfermer chez nous pour éviter la propagation du virus.
Ces quelques lignes ne sont pas extraites d’un ouvrage de science-fiction, elles décrivent la réalité de nombreux pays qui ont opté pour le confinement pour limiter le propagation du coronavirus, responsable de la maladie covid 19.
Avant cette date, quand nous évoquions des scénarios d’effondrement planétaire, nous pensions plus facilement catastrophes naturelles, effondrement économique, cracks boursiers, mais avions-nous imaginé une crise sanitaire d’un telle ampleur impactant également l’économie ? Et qui était prêt à part quelques personnes isolées des campagnes, ou autres survivalistes, à se retirer socialement pour préserver par précaution la santé publique ? Qui pensait que cette situation pouvait arriver en quelques jours ?
Nous sommes aujourd’hui enfermés physiquement pour une majorité d’entre nous, connectés pour certains à nos collègues avec lesquels nous continuons à travailler même si nous sommes éloignés, isolés pour d’autres qui ne peuvent travailler à distance. Je ne parle pas de celles et ceux qui sont malades bien évidemment, ou qui sont exposés au virus comme l’est le personnel soignant ou d’autres professions qui ne peuvent bénéficier de l’isolement.
Pour ces premiers, la vie domestique a pris tout l’espace, nous permettant de prendre soin de nos proches, de cuisiner ensemble, de jouer avec nos enfants, et de réaliser de nombreuses activités que nous reportons habituellement au lendemain faute de temps. Ce sont les bienfaits du confinement, pour ne citer que quelques exemples.
Il y a bien évidemment tout le côté sombre de cette promiscuité et de cet isolement : les violences familiales récurrentes qui pourraient s’amplifier, le plus grand isolement de certains déjà exclus avant ce confinement, ceux qui vivent dans la rue. Je pense à ceux aussi dont la peur profonde de mourir les empêche de vivre, paradoxalement.
Mais restons positifs et posons-nous quelques questions. Cette période restrictive nous apprend beaucoup sur nos modes de fonctionnement et nous renvoie aux questions essentielles que nous éludons souvent : comment prendre soin de soi, des siens, du monde ? Notre rapport à la consommation est-il juste ? Et notre rapport au temps, sommes-nous débordés, dans l’ennui, à remettre à demain, à multiplier les activités au risque de ne pas pouvoir les accomplir ? Sommes-nous bien conscients de notre impact environnemental ?
Pour conclure ce billet, je vous renvoie aux trois esprits du cuisinier dans la tradition zen, mettons-les en pratique pendant cette période.
- Cultivons la joie, indispensable pour entretenir une harmonie au sein d’un groupe et pour permettre à l’espoir de grandir même pendant ces moments difficiles. Elle est le remède contre la colère qui pourrait surgir dans ces temps de frustration.
- Agissons avec bienveillance et générosité envers tous, tous les êtres sensibles, les personnes en bonne santé, les malades, les soignants, pour surmonter cette étape, en respectant les règles sanitaires bien évidemment.
- Osons la grandeur, ou plus particulièrement, approfondissons notre connaissance de l’impermanence et de l’interdépendance pour nous resituer de façon plus apaisée dans ce monde en souffrance.